Dans un entretien, Christophe Pontens, Président du Groupe Oxygène et actif au sein des organisations patronales, revisite le travail temporaire et ses multiples réalités. Loin du cliché de « bouche-trou » cantonné aux tâches ingrates, il en décrit aujourd’hui les atouts : tremplin vers l’emploi, accès à la formation, montée en compétences. Il appelle aussi les agences à mieux parler aux jeunes, en misant sur l’accessibilité, y compris la question clé du transport, et sur la relation humaine, plutôt que sur une digitalisation déshumanisée.

Interview de Christophe Pontens pendant les « Intérim Job Days!

L’intérim, tremplin de carrière : la vision humaine et moderne de Christophe Pontens

Quand on parle d’intérim, beaucoup pensent encore à des emplois précaires, mal payés et peu valorisants. Une image héritée d’une autre époque, où le travail temporaire rimait souvent avec tâches ingrates et manque de perspectives.
Pour Christophe Pontens, cette perception est non seulement dépassée, mais aussi injuste. Son ambition : redonner ses lettres de noblesse à l’intérim, en le repositionnant comme un vrai partenaire de carrière, capable d’ouvrir des portes et de lever des freins à l’emploi.

Comment ? En misant sur trois grands piliers : éducation, humanité et solutions concrètes.

Briser les clichés : éduquer et mieux communiquer

Si l’intérim souffre encore d’une mauvaise réputation, c’est en partie à cause de son passé. Autrefois associé aux postes peu qualifiés, il a hérité d’étiquettes dévalorisantes comme « esclavagisme moderne ».
Or, le secteur a profondément changé.

Aujourd’hui, les contrats intérimaires bénéficient de protections et d’avantages souvent supérieurs aux CDI classiques. L’intérim peut être un tremplin vers un premier emploi, un moyen de se former ou encore une solution pour gagner en flexibilité de vie. Certains salariés choisissent même volontairement l’intérim pour pouvoir prendre toutes leurs vacances scolaires.

Et pourtant, les jeunes restent peu attirés. Pour Christophe Pontens, le problème n’est pas chez eux, mais du côté des professionnels : « C’est à nous de mieux leur parler. De leur dire : Venez nous voir, l’emploi que vous cherchez pour demain est peut-être déjà chez nous. »

Remettre l’humain au cœur du recrutement

Pour casser l’image du « marchand de viande », Christophe Pontens défend une approche simple mais puissante : mettre le candidat au centre.

Plutôt que de commencer par des contraintes comme la possession d’une voiture, il demande à ses recruteurs de poser la question essentielle : « Qu’est-ce que vous voulez faire, et où ? »
Le reste – mobilité, organisation, solutions pratiques – c’est à l’agence de l’assumer.

Dans un monde où tout tend à se digitaliser, il insiste aussi sur l’importance du contact humain. Un robot ne remplacera jamais un échange en face-à-face pour comprendre les nuances d’un poste, répondre à une inquiétude ou trouver une solution adaptée.

Enfin, il rappelle que l’intérim, ce n’est pas seulement une relation entre un candidat et une agence : c’est un véritable partenariat tripartite où chacun – entreprise, intérimaire et agence – doit en sortir gagnant.

Passer à l’action : lever les vrais freins à l’emploi

Au-delà des discours, Christophe Pontens croit aux solutions concrètes. Car les obstacles qui freinent l’accès à l’emploi sont souvent très pratiques.

La mobilité : beaucoup de candidats refusent des missions faute de moyens de transport. Certaines agences prêtent déjà des véhicules, et des dispositifs comme Fast TT permettent de louer une voiture pour seulement 5 € par jour. Problème : ces aides restent trop peu connues, faute de communication.

La formation : plutôt que de constater passivement les pénuries (chauffeurs poids lourds, par exemple), pourquoi ne pas former les candidats motivés ? Dans certains cas, l’agence finance le permis poids lourd, puis place directement la personne auprès d’une entreprise cliente. Une logique gagnant-gagnant.

L’intérim, une carrière choisie

Au final, la vision de Christophe Pontens transforme complètement l’image du travail temporaire. Fini la solution subie ou le « job par défaut » : l’intérim devient un partenaire de carrière proactif, qui accompagne, écoute et propose de vraies opportunités.

Une approche qui pourrait bien séduire une nouvelle génération de travailleurs en quête de flexibilité, d’expérience et surtout de sens dans leur parcours professionnel.