Chaque été, le Festival l’Offrande Musicale réunit musiciens, mélomanes et curieux dans un esprit de partage et de découverte. Porté par une volonté d’ouverture et d’engagement, ce festival singulier propose des concerts de musique classique dans des lieux emblématiques, tout en soutenant la cause du Handicap. Un événement où l’excellence artistique rencontre la solidarité. Pour en savoir plus, nous avons rencontré Fanny Pontens, chargée de production pour cette edition 2025, qui nous éclaire sur l’âme et les coulisses de cette belle aventure musicale.

Pouvez-vous nous présenter le festival L’Offrande Musicale en quelques mots ?

L’Offrande Musicale est un festival de musique classique fondé en 2020 par le pianiste David Fray. Il se déroule dans les Hautes-Pyrénées et a pour mission de rendre la musique classique accessible à tous. C’est un projet humain et engagé porté par l’association Musiques et Solidarités en Hautes-Pyrénées, qui combine exigence artistique et inclusion, avec une attention particulière portée aux personnes en situation de handicap (20% des places leurs sont dédiées ainsi qu’à leurs accompagnants). Chaque année, le festival propose une programmation d’excellence dans différents lieux des Hautes-Pyrénées : allant du Théâtre des Nouveautés à Tarbes, l’Auditorium Padre Pio à Lourdes et même l’Abbaye de l’Escaladieu ou le Château Montus, faisant découvrir la musique autrement, tout en valorisant le territoire local afin de créer des moments de partage unique.

Quelle est la philosophie ou la vision qui guide L’Offrande Musicale ?

Le festival repose sur une vision à la fois artistique et sociale. Il s’agit de faire tomber les barrières entre les publics et de rappeler que la musique, et plus particulièrement la musique classique, peut toucher chacun de nous. L’inclusion est d’ailleurs au cœur du projet afin d’offrir à tous une expérience artistique inoubliable. L’idée est de transmettre et de rassembler en montrant que la culture peut être un vecteur de lien et de solidarité.

Quel est votre rôle au sein de l’organisation du festival ?

Je suis Chargée de production. Concrètement, mon rôle consiste à organiser toute la logistique nécessaire à l’accueil des artistes : planification des répétitions, réservations d’hébergements et organisation des transports, rédaction des feuilles de route pour les artistes, installation des loges, coordination de l’accueil… En amont, je travaille à structurer les plannings en lien avec la programmation et à recueillir les besoins spécifiques des artistes. L’objectif est que les artistes soient accueillis dans les meilleures conditions, en respectant leurs attentes ainsi que les conditions du festival.

À quoi ressemble votre quotidien dans les mois qui précèdent l’événement ? Et pendant le festival ? Combien de temps faut-il pour préparer une édition ?

La préparation d’une édition s’étale sur une année complète. Dès la fin d’un festival, les premières idées pour l’année suivante commencent à émerger en terme de programmation. En général, les premiers contacts avec les artistes et les discussions contractuelles débutent vers M-9, et toute l’organisation logistique s’accélère à partir de M-6. Les derniers mois sont les plus denses, avec la mise en œuvre concrète de tous les plannings (artistiques et techniques), la gestion des hébergements, transports, feuilles de route… La billetterie ouvre en général à M-2 et nécessite un suivi précis des réservations alliant grand public, personnes en situation de handicap, élus, sponsors et mécènes, et invités des artistes. Pendant le festival, on accueille les artistes, on installe les loges, veille au bon déroulement des répétitions, transports, et concerts, et bien sûr, on gère les imprévus. Du côté du public, on propose un accompagnement personnalisé selon les types de spectateurs, et s’assure de leur offrir une expérience satisfaisante.

Comment se construit la programmation artistique d’une édition ?

La programmation est imaginée et pilotée par le directeur artistique, David Fray, en lien étroit avec l’association MSHP. C’est un travail qui commence dès la fin d’une édition pour préparer la suivante. Il s’agit de réfléchir à un fil conducteur, d’identifier les artistes invités et de concevoir une programmation cohérente, à la fois exigeante et accessible. Les choix artistiques se font aussi en lien avec le territoire, avec la volonté de créer des rencontres uniques entre musique classique et lieux emblématiques du département.

Quelles actions mettez-vous en place pour rendre la musique classique plus accessible ?

Nous avons développé de nombreuses actions concrètes pour favoriser l’inclusion. Certaines répétitions sont ouvertes uniquement aux personnes en situation de handicap ou à public aux besoins spécifiques. Des retransmissions ont lieu en EHPAD, pour toucher les personnes les plus éloignées. Nous proposons aussi des séances de musicothérapie, en lien avec des structures médico-sociales. Tout est pensé pour ouvrir les portes, dans tous les sens du terme. Ces actions permettent de créer un vrai lien, entre les artistes et des publics qui, parfois, n’ont jamais assisté à un concert de musique classique de leur vie.

Quelle est la place du handicap dans la démarche du festival, qui porte un message d’inclusion ?

Le handicap est au cœur du projet. L’Offrande Musicale a été imaginée pour inclure et valoriser ceux, qui souvent, restent en marge des propositions culturelles. Que ce soit dans les lieux choisis, dans l’organisation de l’accueil, dans les actions de médiation, nous cherchons à offrir une vraie place aux personnes en situation de handicap. C’est ce qui donne tout son sens à notre engagement.

Combien de personnes travaillent à l’organisation du festival ?

L’équipe permanente se compose de quatre salariés : une administratrice générale, une administratrice artistique, un directeur technique et une chargée de production. Le directeur artistique, David Fray, pilote toute la ligne artistique du festival, et la présidente de l’association Musiques & Solidarités en Hautes-Pyrénées joue un rôle essentiel dans la structuration globale. Pendant le festival, une soixantaine de bénévoles viennent prêter main-forte pour l’accueil du public, la billetterie, les transports, l’installation des loges, la gestion des parkings, etc. Leur implication est précieuse et indispensable pour faire vivre l’événement.

Quelles sont les principales difficultés ou défis que vous devez relever chaque année ?

Chaque édition est un défi d’équilibriste : il faut que tout fonctionne parfaitement, dans les moindres détails. L’accueil des artistes est une priorité – il faut anticiper leurs besoins, gérer les transports, trouver des hébergements de qualité… Ce sont souvent des musiciens de renommée internationale, et on tient à leur offrir un accueil à la hauteur, simple mais impeccable. Il y a aussi le défi de trouver les lieux adaptés aux concerts : à la fois acoustiquement bons, accessibles au public, compatibles avec les contraintes techniques… Et puis, il y a les nombreux invités, les partenaires, le public à accueillir. Chaque jour du festival est un défi à ne pas louper et même si les imprévus existent toujours, notre objectif reste de les rendre invisibles.

Quel impact espérez-vous que le festival ait sur le territoire, sur le public, ou même dans le monde de la musique classique ?

Ce qu’on espère, c’est que le festival soit reconnu, que la programmation artistique soit de grande qualité et que les personnes isolées se sentent considérées. On aimerait que le festival soit un repère sur le territoire. Et, peut-être, une preuve que la culture peut vraiment transformer les choses.